Un petit coin de Paradis dans un monde si noir. LIBRE.

De ce pont, la vue était magnifique. Personne quasiment ne connaissait ce lieu si superbe qui donnait sur une plage sauvage du lac. L'endroit était splendide, et Margaud en frissonnait de plaisir. Elle n'aimait pas à se mêler avec les autres, durant l'été. Elle ne se sentait pas autant protéger qu'à Poudlard, où tout lui était permis.

Un châle de laine sur ses épaules, une robe blanche et des ballerines propres lui donnaient une allure plus sage que d'ordinaire. La jeune fille mûrissait avec l'âge, cela se remarquait dans la beauté de son visage. Elle n'avait que 16 ans, mais ce n'était plus l'enfant que le collège avait connu à son entrée. Sa froideur s'en ressentait pourtant toujours dans la pâleur de ses joues.

La jeune fille retira soudain son châle gris et le posa sur la barrière qui la séparait du lac. Elle déboutonna le haut de sa robe et d'un geste, la retira délicatement. A la force de ses petits bras maigrelets, elle se hissa par dessus la barrière, attendit un instant, le temps de lever ses bras vers le ciel, et plongea dans un saut d'ange dans les profondeurs du lac sombre et mystérieux.

L'eau si fraiche faisait apparaitre des petits points de chair de poule sur les bras nus de la jeune fille. Loin d'être une petite nature, Margaud resta dans l'eau bien que le vent lui glaça le visage. Les algues visqueuses et douces lui caressaient les pieds et elle souriait au plaisir qu'elle pouvait ressentir dans ce lac, bien seule et loin des autres populations de ce monde. Elle pencha sa tête dans l'eau pour plaquer sa chevelure brune et mouillée en arrière le long de son visage, sans remarquer la présence d'un étranger sur le ponton, visiblement en train de la regarder se baigner en sous vêtements.

L’adolescente se mis sur le dos, le regard rivé vers le ciel, effectuant de temps à autre des petits battements de pieds pour voguer sur le cours d’eau. Son regard fit alors attiré par cet étranger, assis sur la barrière. Aussitôt, la jeune fille se remis sur pied et fixa le garçon d’un œil mauvais, n’essayant en rien de cacher le peu de vêtements qu’il lui restait sur elle. D’un coup de tête, elle héla le jeune homme.

« Est-ce ton passe-temps que de regarder les jeunes filles à moitié nues se baigner ? Es-tu de ces pervers là, Ebenezer ? »

Margaud fronça les sourcils aux paroles du jeune homme. Qu’entendait-il par « une personne comme toi » ? Etait-elle si différente des autres qu’il eu fallu la caser dans une autre catégorie de personne ? Elle était pourtant tout ce qu’il y avait de plus commun au monde, sauf que peut être certaines filles n’auraient pas osé se baigner à moitié nue dans les hauts froides du lac, surtout à la vue de tout le monde. Tout le monde était Ebenezer, bien entendu.

« Quelqu’un comme moi, dis-tu. Dans le genre d’une fille délurée et sans morale, est-ce bien cela ? »

Margaud laissa passer un instant de silence, serrant ses bras autour de son ventre. Elle devait avoir l'air malin dans l'eau, son soutien-gorge apparent et ses cheveux mouillés plaqués en arrière. Elle se baissa légèrement dans l’eau puis, avec un regard malicieux, elle proposa quelque chose au petit voyeur qu’était Ebenezer.

« Viens dont dans l’eau, plutôt que de faire ta goule sèche sur ta barrière. As-tu peur qu’elle soit trop froide pour toi, Eben ? »

Les sourcils de la jeune fille se dressèrent presque en angle droit tellement elle fut surprise lorsque les éclaboussures de l'eau du lac lui prouvèrent qu'Ebenezer Brockdale venait bien de sauter la rejoindre. L'eau n'était pas des plus chaudes, et le temps lourd mais frais à l'extérieur lui ferait probablement attraper un sacré rhume lorsqu'il sortirait couvert d'eau de cette grande étendue sombre et froide. Si c'était ce qu'il souhaitait... Qu'il en soit ainsi.

Margaud se recula légèrement lorsqu'elle le vit avancer. Un sourire aux lèvres, l'adolescente se baissa un peu plus dans l'eau pour ne pas qu'il voit, tout de même, ses sous vêtements, bien qu'ils soient coquets à souhait. Elle n'était pas une de ses exhibitionnistes déjantées qui aimait à montrer ses formes aux jeunes gens, qui qu'ils furent.

"Ce n'était nullement un ordre, mister Brockdale. Mais j'aime à voir comme tu obéis bien aux filles comme moi..." dit-elle, sans retenir un sourire malicieux.

La jeune fille s'éloigna de quelques pas et, d'une main, envoya un peu d'eau au visage du jeune homme. Elle fit un petit tour sur elle-même avant de se planter de nouveau devant Ebenezer.

"Pourquoi avoir sauté, Eben...?"

Bien entendu, pour se baigner... Mais pour ce qui était de l'obéissance, Margaud n'était sûre de rien. Il aurait pu sauter à l'eau avant qu'elle ne dise ses mots, et il avait choisi pile le moment où la jeune fille avait effectuée sa demande pour plonger, tout habillé qui plus est.

Un cours instant, l'attention de Margaud fut détourné vers un gros pigeon gris qui les regardait, posé sur une branche. On ne voyait que lui, un gris foncé dans les feuilles vertes de l'arbre. Cette vision troubla la jeune fille, qui, d'un hochement de tête, chassa ses pensées pour se concentrer de nouveau sur le garçon qui venait de sauter à l'eau pour elle. Pour elle, ou simplement pour se baigner, d'après ses dires. En tout cas, qu'il ai sauté lui fit très plaisir, à la jeune adolescente...

"Soit... qu'il en soit ainsi."

Et Margaud plongea la tête dans l'eau. Pour la suite des évènements, on n'eut su dire combien de temps la jeune fille avait passé sous l'eau sans respirer. Quelques secondes, peut être une minute, voire plus... Aller savoir, en tout cas, elle ne remontait pas à la surface.