Stoppez-moi ce fichu train ! [King :D]

Les vacances avaient bien commencé - enfin, les vraies vacances, parce que les deux premières semaines passées à Londres en compagnie de son cher papa et de sa chère maman avaient été bien pire que nulles - et il était maintenant question de s'amuser. Et c'est exactement dans ce but et pour cette raison que Marie et Kingsley s'étaient donné rendez-vous à la fête foraine. Le soleil était au rendez-vous, lui aussi, aujourd'hui, et la chaleur aussi. Le ciel était clair, sans aucun nuage, et l'air était lourd. Non, il n'avait pas pleuvoir, mais un petit vent - et même une toute toute toute petite brise - aurait été le bienvenu.

Vêtue d'une robe fleurie et d'espadrilles à talon roses pâles, Marie marchait lentement dans Pré-Au-Lard, admirant boutiques, fleurs, et même poubelles. En été, tout paraissait si beau ici ! Pré-Au-Lard avait beau être minuscule, c'était sans doute le plus chouette village du monde entier - et même voir plus. Londres, comparé à Pré-Au-Lard, était ennuyeuse, morne, et grise, surtout. Tout y était tassé, tout le monde y était pressé. Ici, les gens prenaient leur temps, le temps de savourer leurs vacances, de pouvoir avoir de bons souvenirs à la fin de l'été. Pendant 16 ans, Marie avait été de ces Londoniens toujours actifs, toujours hyper pressés et toujours hyper stressés. Aujourd'hui, elle avait non seulement envie de s'amuser un peu, mais elle voulait aussi récupérer ces seize années passées à bouder dans son immense maison de Londres.

Elle était maintenant proche de la fête foraine, et aussi, en retard de vingt minutes. Bof, pas grave, il n'était que treize heures vingt et ils avaient le droit de faire ce qu'ils voulaient comme ils voulaient, et s'ils l'avait désiré, ils auraient pu passer la nuit à faire des tours de Grande Roue ou de manège. Cherchant Kingsley de yeux, elle le repéra enfin. Il était là - et même si la ponctualité n'était pas son point fort, il arrivait à être là au maximum dix minutes en retard - et l'attendait apparemment. De loin, Marie ne distinguait pas s'il avait l'air agacé ou pas, mais de toutes façons, ça n'aurait rien changé, parce que quand ils étaient ensemble, il était toujours d'excellent humeur. S'approchant de lui, souriant de toutes ses dents, Marie lui fit la bise et demanda :

- Alors ? Qu'est-ce que tu voudrais faire aujourd'hui ? Le... Manège des Joyeux Bambins ? Ou... Le train fantôme ?

Oui, c'était bien ce qu'elle pensait : même si après dix minutes passées sous un soleil brûlant, King réussissait à garder sa bonne humeur. Il avait fait son choix : le train fantôme - et après tout, tant mieux, parce que le manège des Joyeux Bambins avait l'air juste un peu craignos - et il l'entraina donc vers le-dit train fantôme. Whouah, lui, il faisait peur. Enfin, surtout parce qu'on avait peur qu'il s'écroule. La dame de la caisse - qui devait avoir son âge égal à son poids - était toute ridée, et sentait un peu le crottin de cheval - et peut-être qu'elle en avait mangé, vu la couleur des 10 dents qui devait lui rester. Néanmoins, c'étaient les vacances, et même si jamais de sa vie, auparavant, elle n'aurait approché de moins de 20 mètres un train comme ça, Marie sourit à King et acheta deux places. L'énorme caissière sortit de derrière son guichet et les emmena un peu plus loin, sur une espèce de quai fait en bois et dont certaines lames du plancher manquaient. Il y avait quelques autres personnes, tous des gamins, et eux deux devaient paraître un peu gamins à faire un train fantôme.

On les fit monter dans le wagonnet - qui était si petit et si serré qu'ils eurent du mal à s'y assoir à deux - et enfin, le gros boudin hurla - ou était-ce un rot ? - que le train pouvait partir. Le train était situé dans un espèce de manoir, immense et tout noir, dont la multitude de fenêtres avait été bouchées. Le manoir faisait environ cinq étages de haut, et dieu sait combien il y avait d'étages de caves, mais ce qui est sûr c'est qu'il y en avait au moins une bonne dizaine. Le train partait de ce qui avait du être une salle à manger, des années auparavant : salle longiligne et très décorée de tableaux qui aujourd'hui avaient perdu leur beauté d'antan. Le train s'enfonçait directement dans les caves en grinçant si fort que l'on eut presque dit qu'il allait se décrocher des rails. Pouah ! L'odeur était pestilentielle ! La descente se fit bien, la pente n'étant pas trop raide, en revanche... Après quinze mètres passés sur une pente douce, le train chuta littéralement : il manquait un bout de rail, et tous les passagers hurlèrent à la mort - sauf King, peut-être, parce qu'il gardait toujours son sang-froid :

- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Aïe !

Le train venait de retrouver ses rails, environ cinq mètres plus bas, et quelque chose venait de taper la jeune Serpentard. Non mais oh, ça va pas ou quoi ? s'écria-t-elle - intérieurement - et elle commença à envoyer valdinguer ses mains un peu partout. Lorsqu'elle chopa ce qui lui semblait être la chose qui venait de la frapper, le train se remit à avancer à une vitesse qui paraissait considérable en tenant compte de son grand âge - mais qui ne devait pas dépasser les dix kilomètres heure - et Marie, sans ce soucier de ce qu'elle faisait, entraîna avec elle la chose qui l'avait frappée. Dans le noir, il lui parut entrevoir la tête d'un élève de Poudlard, certainement venu ici se faire quelque sous pour l'été... Haha ! L'été, il allait s'en souvenir, deux mois passés dans le plâtre parce qu'il avait osé frapper la Serpentard...

Comment ça, immobiliser le train ? Alors qu'ils approchaient des loopings ? Mais il était fou ou quoi, King ? Non non non, pour rien au monde - sauf pour de l'argent, là ça se discutait - Marie n'aurait arrêté le train. En plus, c'était trop mignon de regarder les première année affolés qui étaient à la limite de se faire dessus - quoique certains avaient déjà du le faire, vu l'odeur qui régnait en ces lieux sordides - et c'était tellement bon de se sentir tout puissant face aux autres, parce que nous, on savait qu'on arriverait en vie à la fin du voyage. Donc... Pourquoi est-ce que King voulait-il tout gâcher et stopper ce train qui se portait à merveille - enfin, presque - ?

Elle le regarda avec des yeux suppliants qui lui donnaient un air de gamine pourrie gâtée et, d'une voix de gamine tout aussi pourrie gâtée, elle lui demanda :

- On peut attendre d'avoir passé les loopings, au moins, King ?

Bah... De toutes façons, maintenant, ils étaient obligés. Encore un mètre et... Deux options : soit ils mourraient et on ferait une cérémonie classe, avec Dumbledore au premier rang et ses parents au dernier, et plein de champagne et... ou alors, ce serait super, personne ne mourrait, et... il y aurait du champagne à la fin parce que le train ne se serait pas écroulé. Perdue dans ses réflexions, Marie ne remarqua absolument pas que le train montait, et à vrai dire, elle ne s'en rendit compte que quand le gars qu'elle tenait toujours par les cheveux commença à hurler. Réflexe humain... Elle le lâcha, et elle entendit un bruit, deux ou trois mètres plus bas. Bon, bah en espérant qu'il ne soit pas mort.

Oh mais, c'était quoi le problème de ce foutu train, là ? Le début du train avançait, pénard, le looping se passa sans problème mais... Mais King et Marie avaient eu la bêtise de choisir le wagon de la fin (parce que la banquette n'était pas trouée et tâchée de crottes de pigeon) et à vrai dire... Pour eux, ça ne se passa pas comme ça. Le wagon de devant partit, lui aussi... Mais pas le leur. A vrai dire, il ne suivait pas le reste du train, parce qu'il s'était détaché.

- M**** ! Qu'est-ce qu'il fait ce wagon ? Il peut pas suivre les autres ? Raaaah, ça m'énerve ça !

Elle venait de descendre du wagon... Le train était remonté, ils devaient être dans les étages maintenant... Qu'est-ce que c'était que ce truc sur lequel elle venait de marcher ? Finalement, elle préférait ne pas savoir.

- King ? Tu viens ? On va se balader et essayer de retrouver l'autre bout du train.