Miroirs et Coryphées [ Laya J. ]

Ce qu'elle aimait par dessus tout, Bree, c'était la vitesse. Le vent dans les cheveux, les larmes aux yeux ... C'était pour cela, d'ailleurs, qu'elle était venue à la Fête Foraine.
Une barbe-de-Merlin à la cerise dans une main, son bras accroché à celui de Nanci, de l'autre côté, et Brionan repartait en enfance.
Toute enjouée, les yeux brillants, elle montrait du doigt les différentes attractions, entraînant son amie à sa suite.
La Grande Roue, la Maison des Horreurs, Les Balais Tamponneurs, les Montagnes Russes, elles avaient tout testé. Mais maintenant que sa barbe-de-Merlin goût cerise avait tendance à remonter dans sa gorge, et que son estomac était prit de vilaines crampes, la jeune brune faisait mois la maline.

Ce dont elle avait besoin, à cet instant, c'était plutôt une attraction calme. Observant tout autours d'elle, Bree jeta son dévolu sur le Palais des Glaces. Une petite promenade dans le labyrinthe ne pouvait lui faire que du bien. Ou du moins, pas plus de mal.
Quittant son amie en lui promettant de la rejoindre, plus tard devant la Grande Roue pour un dernier tour - malheureuse -, Brionan se dirigea rapidement vers sa destination.

A l'intérieure, une étrange atmosphère régnait. Elle aurait même put jurer que l'air y était un peu plus frais. Ce qui, en soit, était une aubaine pour la jeune Préfète.
Une petite musique aux rythmes tziganes résonnait en écho entre les grands miroirs. Son visage. Une veste rouge. Un bout de soulier verni. Une petite main d'enfant. Une longue chevelure brune.

Bercée par les images qu'elle apercevait en reflets dans les glaces, et emportée par les rythmes chauds et colorés de la petite musique, Brionan avait les yeux mi-clôts.
Son pied, dans sa fine ballerine, se pointa en une cambrure parfaite, plongeant devant elle. Pour revenir ensuite en quatrième position. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait, elle se laissait juste aller au son qu'elle entendait, et aux pas qu'elle connaissait. Huit ans de danse, ça ne s'oubliait pas. Un dégagé. Entrechat.
Seule devant ses glaces, Bree souriait. La nausée avait filé. Dans son petit monde, cachée dans ce havre de miroir, rien ne l'aurait surprise. Pas même le bruissement de cape qui se fit entendre sur son côté droit.

Messages : 21 Date d'inscription : 17/06/2010 Age : 38 Localisation : Strasbourg

Quelle drôle d'idée, que d'avoir mis un fond musical dans un Palais des Glaces. Mais enfin, ça avait du bon. Au gré des miroirs, Laya s'observait faire 10 pouces de haut, puis se compacter comme une barrique, et enfin s'allonger comme un hameçon. Elle allait se demander laquelle de ces formes elle aurait une fois sa croissance finie, quand un peu de mouvement attira son attention.

Les mains devant elle pour ne pas s'engager dans un reflet, elle réussit à trouver l'allée où tout se déroulait. Miss O'Shea se distrayait à prendre quelques poses de classique, dans une lubie qu'elle ne connaissait que trop bien. Elegamment drapée dans sa longue cape de feutre noir, son oeil doré scrutait en connaisseuse. Elle avait de la pratique, c'était incontestable.

Un éclair doré dans le miroir en face d'elle renseigna Brionan sur le fait qu'elle n'était plus seule. Inutile de se demander à qui appartenaient ses yeux mordorés et cette cape feutrée.
Affichant un demi sourire, maintenant juchée sur la pointe de ses ballerines, Bree s'adressa au reflet dans le miroir ;

" - Je ne savais pas que l'on pouvait trouver de la musique dans un Palais des Glaces. Étonnant, n'est-ce pas ? "

C'était une simple constatation. Mais loin de s'en plaindre, la jeune fille ne s'en trouvait que plus aise. Un balancé sur sa droite - l'endroit où elle avait le plus de place dans l'espace étriqué des psychés autours d'elle - abouti en un déboulé. Pas de bourrée simple sur sa gauche, un piqué. Le mouvement de ses pieds, passant de la première à la cinquième position des pas de danse classiques, dans le miroir, la rempli de joie.

La danse. Un savant mélange d'élégance, de transport et d'oubli. L'espace d'un instant, le temps d'une figure, l'on devenait quelqu'un d'autre. Cette faculté de vider l'esprit ... La danse était un véritable exutoire. La meilleure façon de chasser toutes ces vilaines choses noires qu'elle avait à l'esprit, ces derniers temps.

La musique cessa finalement. Sans doute le morceau joué, alors que la jeune brune était entrée, venait de prendre fin. Qu'à cela ne tienne. Car déjà de nouvelles sonorités s'entamaient. Et les premiers rythmes, menés par le jeu d'un bandonéon avaient comme un avant goût de Tango.
Cessant finalement son activité, Brionan se décala légèrement sur le côté, tout en lançant une invitation silencieuse à sa camarade présente, à prendre sa suite dans la salle improvisée.

» Quand on possède le goût des gens exceptionnels, on finit toujours par en rencontrer partout. LAYA J.