Nous ne sommes plus vraiment des enfants ... [ PV Ella ♥ ]

- ... chez Gaichiffon.

- Non, c'est vrai ? Je savais pas qu'il vendait des sacs comme ça ! Allons là-bas !

Lunettes de soleil en place sur le bout de son nez et short moulant revêtu, Ella, encadrée d'Evelyn et de Fraise, se promenait. Elles venaient de passer un moment étendues dans l'herbe de la campagne et désiraient, pour terminer leur après-midi entre filles en beauté, faire une pause shopping. Sourires éclatants fichés sur les lèvres, elles rayonnaient... de l'extérieur. Qui pouvait véritablement savoir ce qui se tramait dans leur cœur ?

Elles passèrent à côté d'un champ et Ella laissa son regard vagabonder à l'horizon. L'herbe, plutôt couleur paille en cette période de l'année, s'étalait à perte de vue. Et, au milieu d'elle, une silhouette féminine allongée, dont la couleur foncée des cheveux tranchaient sur la couleur claire de l'herbe. Ces cheveux bruns soyeux et luisants... ça lui rappelait ceux de Bree. Bree... Ce n'était pas elle d'ailleurs ? Incapable de voir son visage de l'angle de vue qu'elle avait et donc de reconnaître s'il s'agissait d'elle ou non, Ella stoppa. Plissant ses yeux à cause de la luminosité accrue du soleil, elle observait la silhouette immobile. Tout dans sa façon d'être rappelait Bree. Mais pourtant ce n'était pas elle. Comment le savait-elle ? Un pressentiment. Il y avait un détail qui clochait. Mais lequel ?

Ella resta là à observer la jeune femme, ignorant complètement les rires d'Evelyn et de Fraise à ses côtés. Elle attendait... Elle attendait ? Mais quoi ? Cela apparut à elle comme une évidence : elle attendait que des amis Serpents pointent le bout de leur nez. Mais ils ne le faisaient pas. Bree, d'ordinaire emplie de joie de vivre et toujours entourée de ses inséparables, notamment Daisy et Vitany, se trouvait seule et préférait la compagnie d'un livre à celle de ses amis. Bree, la fille la plus populaire de tous les Serpentard. C'était inconcevable. Comme de voir Dumbledore sans ses dragées de Bertie Crochue. Inconcevable.
Le regard de la jolie blonde fut attiré par le sac aux côtés de la jeune femme. C'était incontestablement celui de Bree. Parce qu'il s'agissait de Bree...

- Bon, Ella, on y va ?

La cinquième année se retourna. Evy et Fraise avaient cessé de rire et semblaient l'attendre pour partir faire les boutiques. Jetant un regard par-dessus son épaule à Bree esseulée, elle répondit :

- Euh... non. En fait, le shopping, ça me dit pas trop...

- Comment ça ? Pourtant...

Fraise et Evelyn posaient sur elle un regard incrédule. Ella était d'ordinaire la première partante pour une virée shopping... Mais déjà Ella se détournait, se dirigeant à pas assurés en direction de Bree. Elle n'avait pas réfléchi à ce qu'elle allait lui dire ; ça viendrait bien tout seul.
Plus elle approchait cependant, plus cette perspective devenait absurde. Bree et elle entretenaient une relation plutôt distante ces derniers temps. Sans doute la fréquentation des deux pires pestes de Poudlard n'y était pas pour rien... Comment renouer le lien ? Comment dire à sa meilleure amie à quel point elle comptait pour nous et à quel point elle nous a manqué ? Comment dire qu'on était prête à l'écouter, quoi qu'elle ait à dire ?...

Hésitant toujours sur l'attitude à adopter, Ella s'assit en tailleur aux côtés de son amie, sans toutefois se tourner vers elle. Elle garda le silence un moment, incapable de prononcer un mot. De loin, Ella avait vu la même Bree. De près, elle était bien différente. Où était passée cette gaieté indémodable qui modulait ses traits ? Elle qui n'était jamais triste, toujours feignant la bonne humeur et l'enthousiasme... Évanouie. Comme sa haine de la solitude... La jeune blonde désirait rompre ce silence gênant et commença :

- La solitude ne t'est jamais allée...

C'était une piètre entrée en matière, surement même la remarque la plus débile qu'elle ait faite de sa vie, mais Ella ne pouvait faire mieux. Peut-être que le fait qu'elle parle en premier soulagerait la jolie brune, l'incitant à se confier...

La répartie de Bree arracha un sourire à la jolie blonde. La Bree qu'elle connaissait n'avait pas entièrement disparu. C'était toujours la même. Au fond. Toujours le mot pour rire ou la réplique amicale, elle avait le don de détendre l'atmosphère. La gêne qui s'était emparée d'Ella à l'improviste s'évanouit. Elle était en présence de sa meilleure amie. Celle qui avait été la première pour elle. Rien n'avait changé depuis ; rien n'avait changé depuis que les deux jeunes filles avaient sympathisé dans le Poudlard Express avant leur répartition. Ou, du moins, c'était de cela qu'Ella essayait de se convaincre...

Bree venait de se relever sur son coude en se tournant vers elle et arrachait distraitement une touffe d'herbe. Ella, de son côté, toujours assise en tailleur, s'était désormais tournée vers la jeune femme, redécouvrant ce visage qui lui avait tant manqué. Cheveux foncés, contrastant avec son teint de porcelaine (même si Ella aurait juré qu'il était tout de même plus foncé qu'à l'ordinaire... résultat du beau soleil de juin ?), sa bouche boudeuse et ses yeux profonds, un savant mélange de doré, de vert et de brun, que malheureusement la jeune blonde ne pouvait apercevoir derrière les lunettes noires de son amie.

- Bel endroit, n'est-ce pas ? Même si je me doute que ce n'était pas là ta véritable destination ?

La question, sous des airs distants, ne surprit pas tant que cela Ella. Leur relation s'était effritée dernièrement, elles étaient presque contraintes de se redécouvrir après tant de temps. Elles agissaient comme face à une inconnue. Mais la jeune brune se reprit, se remémorant peut-être les moments fantastiques qu'elles avaient vécus ensemble.

Si elle allait bien ? Comment répondre sincèrement à cette question ? Tant de choses s'étaient déroulées ; elle ne savait même plus de quoi Bree était ou n'était pas au courant...

- Je vais bien...

Encore une réponse qu'elle aurait pu fournir au premier passant dans la rue. Et ça l'énervait. Elle voulait retrouver l'ancienne relation qu'elle entretenait avec Bree, celle où elles pouvaient tout se dire, tout partager, sans éprouver ni gêne ni méfiance. Mais elle ne la retrouverait pas comme ça, pas en n'y mettant pas du sien ou en désirant absolument que son amie se confie sans qu'elle y mette une part d'elle-même... Peut-être que si elle lui confiait ce qui la tourmentait ces derniers temps, peut-être que leur relation prendrait un nouveau tournant ?

- En fait...

Ella hésita un moment, incapable de trouver une tournure adéquate pour commencer ce qu'elle avait à dire... comme si c'était la première confidence qu'elle faisait à Bree.

- Sue t'a dit quelque chose à propos de mon père ?

Sue, qui avait été pendant bien longtemps sa meilleure ennemie, était, ironie du sort, la seule au courant de ce secret. Elle désirait partager cela avec celle qui avait toujours tout su d'elle, celle qui avait toujours partagé sa vie...

Ella avait toujours été nulle pour les confidences, tout ce qui touchait de près ou de loin à ses sentiments, c'était pour elle embarrassant et Ella n'avait jamais su manier les mots aussi bien qu'elle ne l'aurait souhaité. Mais Bree avait dû s'en rendre compte à la longue, alors peiner à trouver ses mots ou à construire une phrase cohérente ne devait plus la surprendre. Elle se lancerait donc, à l'aise. D'autant plus que sa meilleure amie venait de relever ses lunettes de soleil, laissant libre court aux yeux d'Ella de se plonger dans ceux de sa meilleure amie : terre malléable de vertigineux canyons où venait s'égarer une pluie de sable doré...

Bree s'était maintenant relevée, prête à écouter ce qu'Ella aurait à dire, ce que, justement, Ella ne savait comment formuler. "Dis les choses comme elles te viennent" semblait l'encourager le sourire sincère de son amie. Elle lui répondit par un petit sourire en coin et commença :

- Eh bien... Tu le sais peut-être, Sue est la fille du meilleur ami de mon père. Mon père et le sien ont tout fait pour que Sue et moi soyons de supers amies, mais, à leur grand damne, ça n'a pas marché. On trouvait toujours n'importe quel prétexte pour se tirer dans les pattes... Ce qui a mis fin à cette "entente forcée" a été le départ inexpliqué de mon père... J'avais neuf ans...

Ella avait maintenant baissé les yeux sur la pelouse et, à l'image de Bree, arrachait les touffes d'herbe qui dépassaient de la pelouse. Le gazon sous elle se transforma en tapis, le tapis à longs poils qui décoraient sa chambre de petite fille à l'époque. Les brins d'herbe qu'elle tenait dans sa main prirent l'allure des poupées avec laquelle elle aimait tant jouer. Soudain, aux alentours de dix-huit heures, des pas dans le couloir. Puis dans les escaliers. La petite fille a peur, le soir commence à tomber. Est-ce un monstre qui se balade dans la maison ? Surement. C'est la vieille sorcière dans Henzel & Gretel ! Ou c'est le loup de Pierre & le Loup ?
Curieuse comme pas deux, la fillette serre sa poupée contre elle, les yeux dilatés par l'appréhension. Elle descend l'escalier, précautionneusement. Les marches craquent, elle plaque un doigt sur ses lèvres, comme pour intimer à l'escalier de ne pas faire de bruit. Elle arrive à la moitié de l'escalier, elle peut maintenant voir le hall d'entrée, cachée derrière les palines. Mais tout ce qu'elle a le temps de voir dans cet instant fugitif, est un pied qui se dérobe derrière le battant de la porte. Et tout ce qu'elle a le temps d'entendre, c'est ce son qui résonne et qui la hantera plus tard. Celui d'une porte qui claque...

Sur le moment, elle n'avait pas compris, peut-être que c'était le Marchand de Sable qui était passé trop tôt et qui s'en allait pour mieux revenir... Mais c'était son père. Son père qui venait de quitter la maison. Le son de cette porte qui claquait n'en devenait que plus insupportable...

- J'ai essayé de savoir pourquoi mon père était parti. J'interrogeais ma mère. Mais je n'eus aucune réponse. La disparition de mon père avait quand même allégé un poids ; je n'étais plus obligé d'aller chez son meilleur ami et donc de voir Sue. Mais, comme tu le sais, on s'est retrouvées à Poudlard. On a tout fait pour s'éviter, mais le nombre d'amis qu'on avait en commun ne nous le permettait pas vraiment... Et puis, au cours d'un binôme qu'on devait faire en Botanique, la confrontation a eu lieu. Je me souviens plus bien comment le sujet est tombé, mais Sue m'a dit voir régulièrement mon père chez eux... Au début, je pensais qu'elle me mentait, qu'elle voulait me faire souffrir, comme elle en avait l'habitude... Mais après, j'ai compris qu'elle disait vrai. Cette histoire nous a énormément intriguées ; on a voulu en savoir plus. On a donc fait venir son père ici-même, à Pré-au-Lard, au cours d'une des sorties et on l'a interrogé sur les raisons qui avaient poussé mon père à partir, et à ne plus jamais revenir... Mais il ne pouvait rien nous dire. Il ne pouvait rien nous dire. Sans cesse il répétait : "La seule qui puisse te répondre, Ella, c'est ta mère..."

Ella reprit sa respiration, pinça ses lèvres inférieure et supérieure ensemble, puis leva son regard vers Bree. Ses yeux jonglèrent un moment entre les deux mers profondes des yeux de Bree avant d'ouvrir la bouche et de conclure d'une voix tremblante :

- Bree... Ma mère a soumis le père de Sue au Serment Inviolable pour pas qu'il dise quoi que ce soit à propos du départ de mon père...

Sa mère était tordue. Mettre des innocents en péril pour une simple histoire de famille ? Elle avait dû vraiment paniquer à l'époque, pour prendre une telle responsabilité... Ella lui en voulait ; elle s'en voulait aussi. Elle était persuadée que ce que sa mère avait fait, elle l'avait fait pour elle. Elle était donc coupable de l'action de sa mère... Tout ce qui comptait à présent pour Ella, était d'annuler le tort qui avait été fait à la famille de Sue. Connaître les raisons qui avaient poussé son père dehors et se réconcilier avec sa mère passaient dorénavant au second plan.

- Sue et moi, on est censées aller chez ma mère ce week-end, pour lui tirer les vers du nez... mais... je sais pas si je me sens ce courage. Tu comprends, elle m'a... trahie...

Ses yeux étaient dorénavant inondés de larmes brillantes et silencieuses...

Ella reprenait maintenant son souffle après avoir vider le trop plein d'émotions qui pesaient lourdement sur son cœur meurtri. Elle renifla doucement puis releva les yeux vers Bree, tout en s'efforçant de faire tomber les brins d'herbe qui restaient collés à sa main moite. Elle s'autorisa un sourire, puis revint à sa conversation.

- J'espère aussi qu'on parviendra à quelque chose... Parce que ma mère est une vraie tête de mule.

Cette fois, elle ne put s'empêcher d'agrandir son sourire. Elle avait beau dire ce qu'elle voulait, Ella aimait énormément sa mère, d'autant plus que ses propres défauts venaient incontestablement d'elle. Les sept ans qu'elle avait passés seule en compagnie de sa mère ressemblaient de très très loin à un calvaire...

La relation qu'entretenaient Bree et Ella avait certes changé mais elle reprenait un cours normal et Ella s'en réjouissait. Toujours le mot pour soulager et consoler, Bree était une amie en or. Toutes ses interventions avaient inconsciemment soulagé la jeune blonde. Bien qu'elle était certaine que sa mère l'avait trahie... Comment appeler cela sinon ? "Elle a fait ça pour ton bien, pour te protéger" aurait été une réponse classique dans ce genre de situation. Mais Ella voyait mal ce qu'aurait pu faire son père de si grave pour qu'Ella n'en sache pas un mot.

- Bree... D'après toi, il a fait quoi, mon père ?

Elle avait parlé sur le ton de la conversation, comme si cette question n'importait en rien pour elle. Mais ce n'était pas le cas. Une boule venait de se former dans son estomac, ce qu'elle tenta d'ignorer. En réalité, cette question n'était pas si insignifiante pour elle, ce qui se traduisait par une nouvelle folie du désherbage. Ses doigts nerveux arrachaient l'herbe sans qu'elle s'en rende compte, aurait-on dit. Les yeux d'Ella, toujours tournés en direction de Bree, tentaient de déchiffrer les pensées de celle-ci. Savoir ce que sa meilleure amie pensait de l'histoire importait plus à ses yeux qu'elle ne le laissait paraître.

Mais en plongeant dans les yeux de son amie, elle y décela une pointe de tristesse. Et elle se sentit mal. Elle espérait de tout cœur que sa confidence engendrerait la sienne, car elle ne supportait pas l'idée de voir une Bree tourmentée. Elle n'avait plus qu'une chose en tête : revoir la Little Bree Sunshine d'antan...

Les lèvres d'Ella s'élargirent en un grand sourire, le premier véritable franc sourire qu'elle esquissait depuis le début de leur conversation. Il était vrai qu'Ella était on ne peut plus butée... mais elle était loin d'être la seule...

La petite boutade de Bree avait mis définitivement Ella à l'aise, prenant le sarcasme de Bree comme un retour à leur relation perdue. S'envoyer des piques avait été leur principal passe-temps à toutes les deux lorsqu'elles se retrouvaient seule à seule. Aujourd'hui encore, cette pointe d'humour refaisait surface, et cela même alors que le ton de la conversation n'était pas vraiment à la rigolade. Mais c'était la caractéristique qu'Ella trouvait essentielle chez Bree : détendre l'atmosphère.

Tandis que sa meilleure amie s'allongeait à nouveau sur l'herbe et était en proie à un dilemme intérieur, Ella scrutait toujours les pupilles de son amie en quête de réponses. Mais Ella n'avait jamais été très perspicace. C'est pourquoi elle accepta la réponse de Bree comme elle lui vint.

Comprendre que ce qu'avait fait son père était assez grave pour engendrer le Serment Inviolable, elle l'avait réussi toute seule. Elle avait seulement espéré que Bree puisse l'aider un peu plus. Proposer un scénario. Ou soulager ses craintes. Elle avait tout espéré sauf ça. Mais Bree n'avait strictement rien changé à la situation... Pourquoi ? Était-elle elle-même en trop mauvaise posture pour relever les autres ? Cette pensée lui fit l'effet d'une décharge électrique au niveau du cœur. Elle avait été trop égoïste en racontant son histoire, sans prendre la peine de se soucier de l'état de son amie...

Elle se tut alors, espérant que Bree y vienne d'elle-même. Pour cacher son malaise grandissant, Ella ramena ses cheveux blonds-dorés en arrière, en un chignon haut pour minimiser la chaleur qu'ils lui procuraient, tout en gardant un œil en coin sur Bree.

- A vrai dire, moi-même j'aurais besoin d'aide...

Ça y est. C'était dit. Ce qu'Ella espérait mettre implicitement sur le plat était arrivé à point nommé dans le sujet de conversation. Son amie allait pouvoir se confier. Déverser ce qui lui pesait ostensiblement sur le cœur. Mais maintenant que le sujet était abordé, Ella devint anxieuse. Et si elle était incapable de faire quoi que ce soit pour Bree ? Elle qui avait toujours été nulle avec les mots, saurait-elle apaiser la souffrance de sa meilleure amie ?

Avec un pincement au cœur, Ella fit glisser sa main sur celle de Bree avant de lever les yeux vers elle.

- Je t'écoute, murmura-t-elle.

Ella attendait patiemment que son amie se décide à parler, sa main toujours sur celle de Bree. Pour que celle-ci lui demande explicitement de l'aide, c'était que le sujet devait être des plus importants. Elle laissait donc le temps à Bree de trouver les mots, de se mettre à l'aise. Et ce n'était pas en insistant qu'elle parviendrait à soulager la peine de son amie.

Mais bientôt, presque facilement, Bree prit la parole. Ainsi, Ella avait-elle visé juste, l'enjeu de son malaise était capital. Du futur, Ella en avait toujours eu peur. Peur d'échouer. Peur de s'égarer. C'est pourquoi elle avait toujours essayé de mettre toutes les chances de son côté pour se garantir un avenir digne de ce nom, comme lorsqu'elle s'était présentée en tant que serveuse dans le Club de Slughorn. Pour Ella, donc, on ne plaisantait pas avec l'avenir.

Elle pressa légèrement la main de Bree et répéta dans un murmure, néanmoins avec plus de force et conviction :

- Je t'écoute.

Qu'allait lui dire Bree ? Allait-elle lui donner des nouvelles du monde extérieur ? Ella n'avait aucune idée de ce qui se déroulait au-dehors, dans ce monde magique. Hormis ce qu'elle dénichait dans les journaux, bien sûr. La mère d'Ella était une Cracmole et passait donc la majeure partie de son temps avec des Moldus. Ce n'était donc pas d'elle qu'Ella pouvait apprendre des nouvelles. Et son père au loin, elle ne pouvait rien lui demander non plus... Sa seule source d'informations restait donc ses amis. Mais avec eux, le sujet qui revenait le plus souvent sur le tapis, était sans doute les garçons, le shopping, les cours, les potins, les secrets, etc. Et non les récentes nouvelles du monde magique...

Bree avait continué. Parlant avec hésitation, comme si elle ne savait ce qu'elle devait dire ou non. Ella tressaillit au nom de ses deux pires ennemies, Vitany et Daisy. Elle s'efforça de ne pas montrer sa désapprobation, mais un mauvais pressentiment pointait le bout de son nez. Si ces deux vipères étaient admises à cette... "réunion", le motif de ce rassemblement ne devait pas être des plus nets...

Ses craintes furent tout à coup justifiées. Un "sauveur" ? Quel était ce charabia ? Parlait-elle d'un nouveau Christ ou quelque chose de ce genre ? Repensant aux noms que son amie venait de citer, Ella se dit que ce ne devait pas être ça... Elle se décida donc à demander :

- Un... (votre, notre ?) Sauveur ?

Ella ne comprenait pas trop ce qui semblait être des allusions de la part de Bree. A vrai dire elle ne comprenait rien. Elle attendit donc que son amie poursuive, afin que ses idées s'éclaircissent. Mais l'explication qui vint ensuite ne l'aidait pas vraiment dans ce sens. Les sourcils froncés, Ella se demandait de quoi pouvait bien parler Bree. Il est là pour nous éveiller. Que cela pouvait-il signifier ? Elle garda le silence un moment, puis demanda, en relevant les yeux vers Bree :

- Que veux-tu dire par "ces choses mauvaises qui polluent notre société magique" ?

Ella avait haussé un sourcil en posant sa question, car ce bout de phrase l'intriguait. Ou plutôt lui faisait peur. Bree n'était tout de même pas tombée dans la haine des "Sang-Mêlés" et des "Sang-De-Bourbe", comme les pires vermines de sa maison aimaient à appeler les enfants de parent(s) Moldu(s) ?...